- -eter
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⇒-ETER, suff.Suff. à valeur dimin. ou fréquentative, formateur de verbes ou de déverbaux sur une base nom. ou verbale.A.— [La base est un subst.]1. [Le verbe met l'accent sur la petitesse] :graineter. « Couvrir de petits grains, gréneter ». Cf. ADELINE, Lex. termes art, 1884.gréneter, moucheter, pailleterplumeter. « Parsemer de mouchetures semblables à des barbes de plumes ». (Pt ROB. atteste la forme plumeté). Des taches de rouille plumetaient les endroits ou le mildiou ne lâchait plus (HAMP, Champagne, 1909, p. 112)tachetertiqueter. « Couvrir de petites taches ». Les sureaux se tiquetaient de grains noirs (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 168)vergeter. « Couvrir de petites raies » (LITTRÉ, Lar. 20e). La surface faiblement miroitante du canal se vergetait continuellement de fins triangles (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 90).2. [Le verbe exprime l'action de mettre bas, de donner naissance à des petits] :biqueter, chèvreter « Mettre bas, en parlant d'une chèvre » (LITTRÉ)louveter. « Faire des petits, en parlant d'une louve » (LITTRÉ, Lar. 20e).3. [Le verbe exprime une itér.] :becqueter, haleter, hoquetercauseter. « Faire la causette, bavarder ». On causette un peu (QUENEAU, Enf. du limon, 1938, p. 43)— Spéc. [Le suj. désigne un animal en train de pousser son cri ou une pers. débitant un flot ininterrompu de paroles] :cailleter, caqueterRem. Dans qq. cas, le suff. -eter n'exprime aucune valeur dimin.; il n'est que le résultat de la combinaison du suff. -et ou -ette et de la dés. verbale -er :B.— Plus rarement. [La base est un verbe]1. [Le verbe met l'accent sur la petitesse, sur la réduction, parfois avec une nuance péj.] :marquetérapiéceter. « Rafistoler de bric et de broc ». On y [à Chartres] rapiéceta son pourpoint [à Henri IV] pour une somme de quelques deniers (CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., 1831, p. 404).2. [Le verbe exprime un mouvement itératif, gén. très rapide] :ahanneter. « Haleter, respirer rapidement et avec difficulté ». Cf. VERR.-ON. 1908, p. 24.cliqueterclocheter. « Avancer en clochant du pied ». Tous passent, enlaçant des filles, Ou marchant d'un air rogue et sec, Ou clochetant sur des béquilles, Au son du fifre et du rebec » (COPPÉE, Poés., t. 1, 1865, p. 25)naqueter. « Trembler de froid, claquer des dents » (MARTELLIÈRE, Gloss. Vendômois, 1893, p. 217)voleter— Spéc. [Le verbe exprime l'action de crier pour un animal] :bègueter, caqueter, chucheter, (s.v. chuchoter rem.) claqueter, craqueter.Orth. La plupart des verbes en -eter redoublent la consonne t devant un e muet : il cliquette, époussette, feuillette, tachette. Qq. verbes en -eter changent l'e en è devant une syllabe muette : il corsète, crochète, furète, halète. En fait, il existe parmi ces verbes une grande indécision (cf. GREV. 1969, § 628). La tendance pop. préfère parfois la forme brève dans laquelle l'e précédant la consonne t ne se fait pas entendre : cf. les formes becqueter et becter p. exemple.Hist. et vitalité. Tous ces dér. sont des mots de formation fr. Un grand nombre d'entre eux a existé assez tôt :début XIIe voleter1175 haleterXIIIe feuilleter1451 becqueter1466 caqueter1539 tacheter1606 pailleter1611 coqueter— Certains composés, présents en a. fr., ont auj. disparu ou changé de forme :chucheter (XIVe-XVIIe) : chuchotercligneter (XVe) : clignoterculeter, culter (XIIe) : jouer du culjambeter (XII-XIVe) : gigoter— Le suff. -eter semble bien représenté en fr. Toutefois, le suff. -eter est en concurrence avec -iller : égosiller, mordiller; -iner : dodeliner, trottiner; -oter : pianoter, tapoter, vivoter. Il convient de rappeler également que qq. verbes en -eter présents en a. fr. ont été remplacés par des verbes en -oter : ainsi chucheter (XIVe) devenu chuchoter au XVIe s. ou cligneter (XIIIe) devenu clignoter au XVe; de même on rencontrera causeter à côté de causoter plus répandu.BBG. — DUB. Dér. 1962, p. 19. — HASSELROT 1957, pp. 92-101.
Encyclopédie Universelle. 2012.